Aujourd'hui, c'était le genre de jour que détestait Esme. Elle devait commencer la journée par une réunion de travail où tout le monde se foutait de ce qui se disait, où tout le monde faisait les hypocrites en faisant semblant qu'ils s'apprécient tous le temps de quelques heures et où certains frisaient la crise d'angoisse parce qu'ils avaient peur de perdre leur boulot alors que ce n'était ni plus ni moins qu'une réunion pour faire un peu le bilan du premier semestre.

«  Je vous remercie de votre attention. Vous pouvez retourner à vos occupations. »

Elle met fin à la réunion avec le plus beau sourire qu'elle pouvait offrir à ses employés, même si elle avait plus envie de tuer quelqu'un qu'autre chose. Elle avait un de ces mal de têtes incroyable et pour cause, entendre des gens parler de chiffres, de taux d'intérêts et de la crise, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus réjouissant non plus. En plus de tout ça, elle avait passé une nuit des plus agité, non pas qu'elle ait passé la nuit avec son fiancé, quoi que, si, mais pas de la manière dont il l'aurait fallut. Après qu'il ait enfin décidé de se pointer, ils se sont disputés parce que la jeune femme avait osé lui faire une remarque sur ses absences à répétitions et le fait qu'elle avait l'impression de passer après son travail, ses amis, même après ses émissions télé. De là, grosse dispute où encore une fois, Esme n'a eut d'autres choix que de s'écraser et de ne rien dire, elle ne voulait pas que toute la maison rapplique dans sa chambre en la voyant pleurer et aussi faible, même si ils doivent se douter que même avec la présence de Peter, elle ne pouvait pas vraiment aller bien, autant lorsqu'il n'est pas là, elle va mal, autant lorsqu'il est là, rien ne va plus.

Bref, ils ont finis par aller se coucher tous les deux après que Peter lui ait tout simplement dit qu'il l'aimait et qu'elle devait avoir un peu confiance en lui, la faisant culpabiliser encore plus.

Quoi qu'il en soit, elle devait faire preuve de professionnalisme et de patience en ne montrant aucun signe de fatigue à ses employés. Après sa réunion, Esme demanda à sa secrétaire d'annuler tous ses rendez-vous, qu'elle puisse rentrer chez elle tôt et une fois ça de fait, elle descendit dans le hall pour atteindre l'entrée.

C'était toujours impressionnant de voir comment les employés la fixait à chaque fois qu'elle décidait de descendre pour rentrer chez elle, une espèce de silence respectueux, mêlé à de la peur faisait alors apparition dans l'enceinte de l'établissement. La jeune Morisson savait que ce n'était ni plus ni moins que du respect, mais au bout d'un moment faudrait peut-être qu'ils comprennent qu'elle était une personne comme eux et qu'elle aussi elle avait une vie comme eux.

Elle n'eut cependant pas le temps d'atteindre la porte d'entrée, qu'elle vit une jeune brune qui semblait perdue parmi tous les gens qu'il y avait, et qui semblait chercher quelque chose. Elle reconnue alors Billie-Leen et d'un pas décidé, alla à sa recontre.

«  Bonjour, besoin d'aide ? »

Elle essaya de poser cette question le plus naturellement possible en y mettant cependant aucune forme de chaleur qui montrerait à la jeune femme qu'il y aurait moyen qu'elles se tapent la discut' tranquille et tout.

Elle voyait bien que Billie était venue à la banque dans une démarche purement professionnelle et n'avait donc aucune intention de déranger la jeune Morisson dans son travail – même si cette dernière était sur le chemin de la glandouille – mais la jeune brune  ne pouvait se résigner à simplement lui sourire et à l'inviter prendre un café comme si de rien n'était. Elle était proche de Melissa et même si Esme essaie d'avancer en laissant tout ça derrière elle, mais en voyant le visage de Billie, il y avait comme une certaine amertume qui remontait à son égard, elle se remémorait – même si ce n'est que l'espace de quelques secondes – sa petite sœur en compagnie de la jeune Harisson.

« Ah, ouais je vois. »

Reprenant ses esprits, elle ne put lui répondre que ça. Elle avait vaguement entendue parler de ce projet qu'elle trouvait toutefois intéressant et très osé, mais avait mis de côté son admiration pour ce projet lorsqu'elle sut qui était à l'origine de cette initiative. Elle avait en fait mit de côté la moitié des choses qui se passaient dans cette ville à partir du moment où cela toucha aux connaissances de sa défunte sœur.

Lorsqu'elle lui demanda si elle ne pouvait pas la recevoir, elle avait envie de la snober en lui disant qu'elle n'avait pas le temps et qu'elle avait mieux à faire, mais elle se dit qu'elle devait être professionnelle, et que ça ne lui coûterait rien d'accepter de recevoir Billie dans son bureau.

« Bien, suis moi je vais m'occuper de toi. »

Elle restait distante mais avec un peu moins de froideur, le fait de repenser à sa sœur et de voir Billie qui lui faisait vraiment penser à elle, lui donnait envie de fondre en larme et de tout casser, mais elle savait que Melissa aurait voulu qu'elle continue de vivre en faisant comme si de rien ne s'était jamais passé, qu'on pense à elle sans qu'on n'en fasse des caisses et qu'on se souvienne d'elle comme une jeune fille souriante.

Prenant une profonde respiration, elle tourna les talons et ouvrit la marche pour que Billie la suive dans son bureau et jeta même un coup d'oeil autour d'elle. La jeune brune voyait bien le regard des employés qui ne semblaient pas comprendre ce qui se passait, pour eux, ils ne connaissaient pas la jeune Harisson et trouvait donc étrange qu'elle aille directement dans le bureau de la directrice, pensant qu'elle était VIP ou quelque chose comme ça.

« Annabel, si on me demande, je ne suis pas là. » dit-elle en passant devant sa secrétaire sans même lui adresser un regard.

Elle ouvrit la porte de son bureau et alla se poser derrière son ordinateur, invitant Billie à s'asseoir avant de lever la tête en sa direction.

« Alors, vas-y, je t'écoute. »

Elle avait décidé de traiter Billie comme une cliente normale, bien qu'elle soit directement dans le bureau d'Esme et qu'elle n'aurait donc pas à attendre de passer par la commission pour qu'on lui donne la réponse de son prêt ou pas, mais est-ce que la jeune Morisson saura mettre de côté tous ses ressentiments pour qu'elle puisse être la plus professionnelle possible ? Rien n'est moins sûr.